À quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir ; ce qui est certain, c’est qu’elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n’y saurait pénétrer.
Cioran, De l’inconvénient d’être né.
Femmes en pause: MC, Musique

Photography & Book
Suivez MdlBook sur YouTube !
Dernier opus de la ReadList#3!
Dans un monde où Internet est la plus belle source de progrès comme la plus dangereuse, Eiríkur Örn Norddahl nous met en garde contre la force de destruction que peuvent avoir les nouvelles pratiques du web sur les valeurs primordiales de l’humanité. A l’heure où tous prônent férocement le respect de la vie privée, à quel point sommes-nous victimes de notre propre « liberté » virtuelle?
Heimsla, la stupidité, paru chez Métailié au début de l’année nous offre une vision terrible mais tellement vraie de la réalité du no limit du web une fois pris dans ses griffes…
Né à Reykjavik en 1978, Eiríkur Örn Norddahl commence à écrire dans les années 2000 mais n’en vit pas. Voyageur et curieux des différentes façons de vivre des gens, il passera quelques années à Berlin, Helsinki et récemment au Vietnam. En 2004 il fonde le collectif poétique d’avant-garde Nyhil, en Islande avec plusieurs de ses comparses. En 2008, il a reçu le Icelandic Translators Award pour sa traduction du roman de Jonathan Lethem, Les Orphelins de Brooklyn. Il a obtenu une mention Honorable au Zebra Poetry Film Festival de Berlin en 2010 pour son animation poétique, Höpöhöpö Böks. En 2012 Norddahl a reçu le Icelandic Literary Prize, catégorie fiction et poésie, ainsi que le Book Merchants’ Prize pour son roman Illska.
Heimsla, la stupidité, a obtenu le prix Transfuge du meilleurs roman scandinave 2017.
L’Islande du futur est un pays hyper-connecté. Chaque seconde de votre vie est filmée, partagée, jetée en pâture sur la place publique. Tous vos gestes sont étudiés, « Les gens avaient cessé de baiser portes closes ou de déféquer en privé ».
C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de Lenita et Áki Talbot.
Tous les deux écrivains et tout juste divorcés, ils cherchent à faire souffrir l’autre en se partageant mutuellement toutes leurs incartades sexuelles. le roman commence d’ailleurs par ça. Lenita est sauvée de son « obligation » de regarder en direct via webcam les scènes de sexe de son ex grâce à une coupure de courant. S’en suit le combat qu’ils vont tous deux mener pour un roman qu’ils ont écrit à l’identique etc…
Heimska c’est le tableau du voyeurisme exacerbé à l’extrême, un portrait d’une société où tout peut nous échapper. Une plume sarcastique et bien maîtrisée qui nous montre ce que le monde pourrait devenir si nous ne faisons pas plus attention à préserver notre intimité.
Un roman court qui survole avec cynisme et sarcasme notre société connectée. Personnellement cela me rappelle un des épisodes de Black Mirror où l’on ne vit plus que par notre place dans le monde des réseaux sociaux et le succès que les autres nous vouent. Les gens arrivent à un extrême où, dans leurs cerveaux malades, ils ne peuvent exister s’ils ne sont pas vus de tous… Inquiétant!
Suivez mdlBook sur Youtube !
Le retour l’Almost Famous Webzine !
« Bon c’est pas tout ça mais il est vrai que deux ans, ça fait long… mais parfois c’est bénéfique pour retrouver la flamme, ce pourquoi on a décidé un jour de créer une bulle de passion virtuelle !
Alors pour cet article, le premier depuis longtemps, j’ai décidé de revenir en musique avec une sélection des titres que j’écoute le plus cette année.
2017, un bon cru me semble-t’il, à commencer par ce single de Grizzly Bear, Three Rings, tant attendu, pour ma part, depuis 2012 et cette merveille de Shields, on y reviendra dans le courant de l’été…
Grandaddy prend la seconde place, avec un retour plus que gagnant, après 12 ans d’absence, et force est de reconnaître que l’album, Last Place, ne déçoit pas, loin de là, sans doute mon album de l’année !
Et le titre suivant, The Sadies avec Kurt Vile en featuring, bon j’avoue tout de suite, Kurt y est pour beaucoup, ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime le garçon et ce morceau, un bijou !
Quand je dis que 2017 est un bon cru, c’est aussi le retour de Slowdive, 22 ans, oui, longue attente et une belle surprise, un pari réussi… et la suite je vous laisse la découvrir, on reprend les vieilles habitudes, 15 titres, des nouveautés qui ont émoustillé mes oreilles, le début d’une série de playlists, et bien sûr les thématiques au fil des humeurs et des envies ! » ( article copié sur Almost Famous Webzine)
J’ai découvert Le Blues de La Harpie de Joe Meno à sa sortie en France au mois de mars chez Agullo.
Agullo Editions… Je ne connaissais pas vraiment, juste de vue.
La collection est chouette, un graphisme décalé, une thématique variée et marginale qui rentre pile-poil dans le type de littérature qui peut m’attirer.
Pourquoi ne pas tester? Et bien je n’ai pas été déçue!
Joe Meno est né en 1974 aux États-Unis . Journaliste pour Punk Planet, le New York Times et Chicago Magazine, il fait ses études à Chicago et sera entre autre professeur dans un centre de détention pour mineurs. Il publie son premier roman, Tender as Hellfire, en 1999 et écrira par la suite de nombreux récits, notamment policiers comme ici, ainsi que des nouvelles et des pièces de théâtre.
Le Blues de la Harpie est son premier roman paru en France.
« C’est fou ce qu’un homme désespéré serait prêt à faire pour rester sain d’esprit. » Le Blues de La Harpie.
Agullo Éditions a été créée en 2015 après la rencontre de quatre dingues de culture et de partage: Nadège Agullo, Sébastien Wespiser, Estelle Flory et Sean Habig.
Quoi de mieux pour sélectionner un catalogue riche et original qu’un regroupement d’anciens éditeurs, libraires et graphistes !
« Nos livres s’inscrivent dans un monde où la curiosité et l’appétence de l’autre sont les meilleurs remèdes contre la peur et l’ignorance; où un grain de fantaisie, un point de vue décalé et une dose d’humour sont les ingrédients nécessaires à une bonne lecture. »
Je vous invite à aller jeter un œil à leur site : http://www.agullo-editions.com
Dans Le Blues de La Harpie, nous voilà sur les pas de Luce Lemay, jeune homme d’une vingtaine d’année, qui vient tout juste de sortir de prison pour une tragique erreur de jeunesse: après un vol idiot dans une boutique de spiritueux pour préparer sa fuite avec la jeune femme dont il était amoureux, Luce, stressé et soûl, ne voit pas une femme et son enfant traverser la route. Il percute le landau et tue le bébé. Cette image surgira à jamais dans ses cauchemars et le suivra toute son existence.
Dans les premières scènes du livre nous suivons Luce lors du trajet en bus qui le ramène de la prison à La Harpie. C’est là que va se poser le principal de l’intrigue, dans ces longues minutes où tout commence, où tout resurgit aussi. Les fantômes du passé, le poids du présent, le fragile espoir en l’avenir. Nous faisons aussi brièvement connaissance avec les protagonistes de l’histoire: Charlène (qu’il croise dans le bus, sœur d’une de ses anciennes petites copines. Elle deviendra sa raison de vivre ) , Junior (qu’il va retrouver, ancien camarade de cellule complètement barré), Clutch Everest (le bon samaritain qui croit en la seconde chance et va lui donner du boulot), El Toreador (l’ancien détenu qui veut sa peau), et bien sûr les villageois de La Harpie qui, il en est sûr, ne vont pas l’accueillir les bras ouverts. Il y a aussi ensuite les locataires de l’hôtel miteux où il va avoir une chambre, anciens détenus, prostituées, rebuts de la société et la tenancière complètement folle qui s’est laissée bouffée par le chagrin.
Comment Luce va-t’il trouver sa place dans cette étouffante bourgade, accompagné, en plus, d’un comparse brave et gentil mais fou à lier?
Ce jeune homme dévasté, qui redémarre une vie qu’il veut droite et pleine d’expiation va vite se retrouver le cul entre deux chaises entre le désir de garder profil bas et celui de refuser l’injustice et de protéger les siens.
On le trouve sympathique, on le regarde tendrement, on espère que tout ira bien pour lui. Mais bien entendu tout ne va pas bien aller… Rien n’est plus cruel que l’humain et il est très difficile de réussir à survivre au jugement de ceux qui oublient souvent qu’ils n’ont eux même pas une vie exemplaire…
Je n’en dirais pas plus car c’est un roman à lire et non à raconter. On ne peut pas le résumer, et c’est tant mieux!
Joe Meno dénonce ici la difficulté de réussir sa réhabilitation dans le monde extérieur que l’on soit repenti ou pas. Quels que soient les efforts et la conduite tenue la foule accusatrice ne pardonne pas. Criminel un jour, Criminel toujours. Telle pourrait être la devise de La Harpie.
Suivez MdlBook sur Youtube!